bast64 au rapport
Comme le dit Libé, c'est " Dur... ". Nicolas Sarkozy est le 23ème Président de la République française. C'est dans cette nouvelle France que nous nous sommes tous réveillés ce matin, certains avec le sourire aux lèvres et le coeur léger, d'autres - comme nous - avec la gueule de bois, le mal au cul et l'esprit préoccupé. Deux France se dessinent aujourd'hui, avec une droite dure au pouvoir pour cinq ans et une gauche en quête de refondation. Dans ce contexte, votre blog favori s'interroge sur son avenir...
Deux France
Longtemps réfutée, la théorie des deux France correspond aujourd'hui à une réalité. D'un côté, il y a la France de Nicolas Sarkozy : la France de l'ordre, de l'autorité, de la non repentance... De l'autre, il y a la France de Ségolène Royal : la France de l'équité, de la justice, de la solidarité...
Le changement demandé par les Français a abouti à l'élection du représentant de la droite "décomplexée", de la lutte contre l'immigration, des cadeaux fiscaux aux plus riches, de la normalisation économique et sociale.
Electoralement, la fracture est là. Elle est tout d'abord géographique : les villes votent à gauche, les campagnes à droite. Elle est ensuite sociale : les beaux quartiers ont massivement voté pour Sarko, les quartiers défavorisés ont plébiscité Ségolène. Enfin, la rupture est générationnelle : les jeunes ont rejeté à une majorité écrasante la candidature de Sarkozy.
Le retour à l'ordre moral promis par le nouveau Président constitue un défi de taille pour une jeunesse qui voulait le changement et qui s'est battue pour une société plus juste, plus solidaire et plus performante. Désabusés, les jeunes se voient intimer l'ordre de rentrer dans le rang, ce qui ne se fera pas sans heurts, le cas échéant. Il ne fait aucun doute que nous sommes en train de recréer les conditions d'un nouveau mai 68.
Merci Le Pen !
Plutôt que d'aller cramer des bagnoles, bast64 vous propose d'aller vous défouler sur le site de Sarkozy. Il faut bien un exutoire ! En effet, comment saluer l'élection de celui qui a promis d'appliquer les idées du Front National ?
L'adoubement dont Sarkozy a fait l'objet de la part des militants du FN signe certes la fin de Le Pen. Mais comment s'en réjouir quand on s'apprête à voir notre pays appliquer des règles injustes, indignes de notre histoire et uniquement dictées par la peur de l'autre ?
Si la Chiraquie recyclée par le nouveau Président aura fort à faire pour appliquer les innombrables promesses du patron, les lepénistes auront la satisfaction de voir leurs idées mises en oeuvre sans avoir à en porter la responsabilité. Le panard.
Prêt à tout pour conquérir le pouvoir, Sarko peut aujourd'hui dire : " Merci, Le Pen ! ". Il peut aussi féliciter les sans-papier, les chômeurs, les jeunes délinquants, les exilés fiscaux et, bien sûr, le PS...
La nuit des longs couteaux ?
Nous étions nombreux à nous étonner du sourire affiché hier soir par Ségolène Royal, en dépit de la large défaite que nous avons subie. Les quelques centaines de milliers de voix qui nous manquaient pour la victoire pesaient lourd dans les esprits...
Le doute s'est même emparé de nombreux Français de gauche à l'écoute des propos de Dominique Strauss-Kahn. Furieux - comme nous - que le PS ait subi son troisième échec consécutif à l'élection présidentielle, le député de Sarcelles et candidat malheureux à l'investiture socialiste promet une nuit des longs couteaux.
Que François Hollande réponde des dysfonctionnements qui ont réactivé la machine à perdre du Parti Socialiste, c'est une chose tout à fait normale. Mais que DSK revendique la tête de l'opposition dès le soir de la défaite ne fait que confirmer la part de responsabilité des éléphants dans la déroute. Certes, c'est la troisième fois que nous perdons les présidentielles. Pour autant, fustiger les pesanteurs du PS quand on a soi-même limité sa campagne au service minimum, c'est peut-être un peu gonflé.
D'autant plus que nous aurions été très nombreux a soutenir Dominique, à en faire notre candidat dès 2002 s'il était sorti du bois. Mais il n'a rien fait. Son attentisme en a déçu plus d'un - dont nous-même - parmi ceux qui, au PS, voulaient d'un leader incontestable qui nous aide à traverser les cinq années d'opposition pour nous mener à la victoire.
Au cours de cette période, François Hollande a fait ce qu'il a pu. Il a remporté les régionales, les européennes ; il a permis de laver l'affront du 21 avril 2002... Il a imposé l'unité du PS, ce qui n'était pas chose facile. Mais le rôle d'opposition a indubitablement été mis entre parenthèses. Il devra en tirer les conséquences, non pas en partant (nous ne demandons pas la tête de François !), mais en faisant tout pour qu'ait lieu la refondation du PS.
Dans ce contexte, il nous faut un leader courageux, capable et déterminé. La gauche ne veut plus des hommes d'appareil. Elle veut l'ouverture à gauche et au centre, une vraie force d'opposition au Président Sarkozy et la garantie de la victoire à toutes les prochaines échances. Or, il se trouve au PS quelqu'un qui a donné la preuve de son envergure présidentielle, de son courage politique, de sa volonté d'ouverture et de son désir de victoire. Pour nous, il ne fait aucun doute que Ségolène Royal est désormais à la tête de l'opposition : " Quelque chose s'est levé qui ne s'arrêtera pas ".
Et bast64 dans tout ça ?
Vous avez été plus de 40 000 à suivre la campagne sur bast64. Cette adhésion - pour tout dire inespérée - nous impose de nous poser de nouvelles questions.
Il est clair qu'avec l'élection de Sarko, votre blog préféré voit s'achever la première étape de son développement. Initialement, il était question que le blog s'arrête dès l'élection du nouveau Président. Mais devant le succès rencontré par notre démarche, on ne saurait prendre la responsabilité de vous priver, chers lecteurs, de votre nouvelle petite habitude.
Sarkozy Président, nous aurons besoin d'une opposition organisée, efficace, plurielle et implacable. C'est pourquoi bast64 entre dans la deuxième phase de son développement en devenant un blog d'opposition au nouveau pouvoir.
Gauchistes, ségolistes, strauss-kahniens, fabiusiens, bayrouistes, anarchistes, trotskystes, gaullistes, altermondialistes et autres opposants : ne baissez pas les bras ! Restez vigilants face au nouveau pouvoir ! Etre dans l'opposition confère aussi des devoirs que nous remplirons ensemble, car il faut dès aujourd'hui travailler pour le changement. Unis, nous résisterons.