Retournement et décivilisation
Il doit avoir la tête ailleurs... Au détour de l'un de ses voyages, Sarkozy a ouvert une parenthèse de travail dans ses interminables vacances. La conférence de presse qu'il a tenue ce matin à l'Elysée était ainsi sensée enrayer la chute libre de sa cote de popularité et remettre l'ordre sarkozyste en marche.
Annoncé à grands renforts médiatiques - comme les fameux voeux -, ce show télévisé en direct se voulait être la solution miracle aux multiples voies d'eau qui menacent d'engloutir le vaisseau sarkozyste : pouvoir d'achat, cadeaux de milliardaires, instrumentalisation de sa vie privée, etc. Le retournement d'image pend au nez du Président : la presse fait ses choux gras de la "fin de l'état de grâce" ; et ça, ça fait mal.
Comme à chaque incident, Sarko convoque ses caméras chéries. Or une conférence de presse, c'est fait pour répondre aux questions. Les journalistes amusés et complaisants n'ont cependant osé que de rares invectives - notamment sur les 35 heures -, ce qui devrait les couvrir de honte pour le reste de l'année. Rien ou presque rien d'essentiel n'a été abordé : politiquement, c'est un échec.
Certains considèreront néanmoins que Sarkozy est très fort, qu'il a réalisé un coup de maître en se jouant à merveille des journalistes et en reproduisant les conférences gaulliennes à l'ORTF. Pourtant, imbu de sa personne au point de croire que l'annonce de son mariage allait calmer la faim de questions auxquelles il aurait dû répondre, Sarkozy s'est doublement fourvoyé dans l'autosatisfaction et la suffisance avec son fumeux concept de politique de civilisation.
Manifestement, cette offensive idéologique est un nouveau leurre, tant elle est creuse, floue et prétentieuse à la fois. Finalement, le seul élément "sérieux" qui ressorte de cette minable prestation, c'est Carla. Sauf que nous, nous n'attendrons pas la fin de l'année pour nous retrouver cocus !